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Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/167

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où, à la Rotonda, le seigneur Alvenigo m’avait exhibé à ses yeux comme le Phénix de l’art tragique. Il avait eu grand’peine à garder son sérieux, tant la pompe de ma voix, l’incohérence de mes gestes, la niaiserie de ma physionomie, la balourdise de toute ma personne, sous les oripeaux qui la décoraient, lui paraissaient d’une irrésistible bouffonnerie. Il avait été sur le point d’en aviser Sa Seigneurie, mais il savait trop, d’expérience, combien il est dangereux de contrecarrer les manies des grands, les billevesées des originaux et surtout les prétentions des amateurs de théâtre. Aussi, avait-il jugé plus prudent de se taire et de laisser aux événements le soin de désabuser le seigneur Alvenigo de son engouement forcené à mon égard. Ses pronostics s’étaient trouvés amplement vérifiés. Sans en tirer orgueil, le signore Capagnole n’en était point mécontent. Le seul point qui le chagrinât, car, sous ses apparences