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Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/174

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de me précipiter sur mes bourreaux, d’en saisir un à la gorge et de l’étrangler de mes mains furieuses, d’assommer l’autre et de labourer de mes ongles le visage du troisième. Il faudrait bien que le public imbécile cessât de rire quand il entendrait râler mes victimes ! Mais, de quel droit venger ainsi les tristes déboires de mon orgueil et m’en prendre à mes malheureux compagnons ! Ne subissaient-ils pas la même servitude que moi, en s’offrant, comme je le faisais moi-même, aux divertissements de la foule ? Le mieux n’était-il pas de me résigner à mon infortune et de tendre le dos aux bourrades, sans me plaindre et sans regimber ?

C’est ce que je fis, et Arlequin, Brighella et Pantalon s’acharnèrent tant qu’ils voulurent à leur besogne, au grand plaisir des assistants qui ne pouvaient se lasser des cabrioles que j’exécutais et des contorsions auxquelles je me livrais. Hélas, ce n’était là que mon début