Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/206

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si elle ne m’eût mis au défi. J’avais donc bien peur des sbires du Podestat que je n’osais m’aventurer dehors. Cela ne l’étonnait pas que l’on se fût moqué de moi jadis, et un poltron de ma sorte ne devait guère être propre, en effet, à jouer des rôles héroïques. J’étais bon, tout au plus, à divertir le populaire par mes simagrées. Que je fusse reconnu, il ne pouvait rien m’en arriver de fâcheux. Je n’avais commis aucune action répréhensible. Tout le monde n’est pas né pour remplir le personnage de César dans une mauvaise tragédie. Je n’avais aucune raison de me cacher. Et d’ailleurs, a-t-on jamais tort, quand on accompagne une jolie femme ? Que M. le Podestat lui-même y trouvât à redire, il aurait à qui parler, tant et si bien que, piqué au vif, je finis par accéder au désir de Pierina.

Lorsque nous arrivâmes à la Piazza dei Signori, nous la trouvâmes assez solitaire, car une légère averse qui venait de tomber avait