Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/222

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mulait son visage, mais je remarquai la finesse de ses mains, quand il me passa au cou la corde de chanvre. Je me laissai faire sans résistance et je mettais déjà la semelle au premier échelon de l’échelle, lorsque, sous le capuchon de l’exécuteur, fusa un rire clair, joyeux, en même temps que ce capuchon, vivement rejeté en arrière, me découvrait les traits mêmes de Pierina, de cette Pierina que je croyais morte et qui se prêtait à l’affreuse facétie dont j’étais la victime et qu’avait imaginée la rancune de Sa Seigneurie.

Car maintenant je comprenais ! Je comprenais, aux mille rires qui s’élevaient de la foule et qui remplissaient toute la place d’une immense clameur de joie, que la légère blessure de Pierina n’avait été qu’un prétexte à me bafouer, que mon jugement n’avait été qu’un jeu, que les apprêts de mon supplice ne constituaient qu’une comédie dont le mot avait été donné au peuple entier par ordre