Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/137

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goutte. L’heure s’y marquait à son horloge naturelle ; là on entendait un écho ; la voix revenait de très loin, et, des syllabes perdues, résultaient de curieuses équivoques. Dans les deux autres on trouvait deux bancs circulaires avec un siège de marbre ou de pierre, et pour accoudoirs des sphinx ou des dauphins.

Une terrasse à balustres se superposait à l’ensemble du jardin. Elle étalait ses allées de sable jaune en bordure à des parterres de broderie et des pelouses plates. On y montait par des rampes courbes et on en descendait aussi, au milieu, par un escalier d’où l’on se voyait en bas dans le bassin, de sorte que, de marche en marche, on avait l’impression de s’approcher de soi-même. On appelait cet escalier l’Escalier de Narcisse.

L’étendue du bassin se continuait par la perspective de trois allées d’eau qui en divergeaient. C’étaient comme des routes de la mémoire où le souvenir semblait marcher à doux pas sur leurs longs miroirs tremblants. Le soleil, disparu derrière les arbres, tiédissait encore la pierre du degré où Hermas assis, ce jour-là, goûtait le plaisir d’être tout à ses songes.