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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/143

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terrasse où il attendait Hermas. Bien qu’à peine vers midi, des nuées déjà orageuses se boursouflaient dans tout le ciel. Le soleil brillait par intervalles et la jeune femme ouvrait et fermait tour à tour son ombrelle. Ils se croisèrent plusieurs fois, ensuite ils se parlèrent et ce fut un grand amour qu’Hermotime confia à son ami. A lui aussi il donnait le soin d’avertir Hertulie de son départ, et de lui en dire les méthodiques raisons. Hermas pensait donc à ces choses quand, du bout de l’allée d’eau, il vit venir Hertulie.

Elle venait lentement vers lui, en souriant, peut-être parce qu’elle tenait à la main un bel iris mauve à longue tige. La fleur et elle se ressemblaient très mystérieusement par une même sveltesse épanouie, par un accord apparié de grâce délicate. Sa robe rose et blanche, tout à l’heure jaune et verte, à cause du reflet des arbres et de l’eau, la parait d’un atour naïf et précieux. Le détail en était exquis, car les feuillages tramés en arabesques dans le glacis de l’étoffe y miroitaient un givre de soie, et la jeune femme restait ainsi, debout, devant Hermas, un peu étonnée qu’il fût seul et ne