Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/245

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dans l’herbe. Ces chutes étaient molles et douces, car ces antiques pierres et ces vieilles tuiles, toutes feutrées de mousses, ne faisaient pas de bruit en tombant. Elles étaient friables et prêtes à redevenir, au contact du sol, la poussière qu’elles avaient été.

Il y avait encore, çà et là, des masures, si chenues qu’elles se courbaient sous les branches ; leur chaume vénérable semblait ronronner sous les doigts caressants des feuilles, et elles accroupissaient la somnolence animale de leur fourrure de paille rude.

Ensuite, j’ai traversé de grandes forêts où, à mesure que je m’y m’avançais, les arbres se rabougrirent avant de s’espacer en plants malingres, plus rares, un à un, et enfin de manquer à des landes interminables toutes d’une même herbe rase et poilue.

Le fleuve qui avait baigné les villes, frôlé les villages, reflété à ses eaux les arbres de la forêt et les roseaux des campagnes après les flèches et les toits, avait fini par se perdre à travers les sables. Les sables avaient sournoisement absorbé son cours divisé en bras, ses bras amoindris en méandres. Ses dernières eaux investies tarissaient