Aller au contenu

Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

face du soir, on vit à ses tempes une couronne de laurier en même temps que des buccins sonnaient au fond des antres !

Dans le vieux cèdre, devant la maison, près d’une massive table de pierre, j’entends glapir de rauques trompettes ! L’or de leur son semble disjoint par quelque fêlure. Le souffle en est âpre et discors. Elles moquent la gloire qu’elles entonnent ; elles disent que quelque chose avorte en elles de considérable, et leur râle inclut, en la faussant, une fanfare !

Ce sont les paons qui, de leur perchoir du grand cèdre, près de la table de pierre, cornent. Ils se détachent en noir sur le crépuscule encore soufré et rougeâtre ; ils sont de jais sur le ciel étrusque ; ils sont noirs avec l’air moins de s’être carbonisés dans les ardeurs des brasiers du couchant que par la vertu de leur propre éclat et par l’incandescence dévoratrice de leurs plumes.

Noirs et fatidiques, n’ont-ils pas l’attitude de veiller sur un tombeau, et la table de pierre est funèbre, ce soir. Son bloc fruste se renfrogne et semble s’appesantir. Vas-tu disjoindre l’oppressive et analogue dalle, enfin, toi, ô mystérieuse