Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/303

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sueur de ses seins. Toute sa chair s’effondra haletante et échauffée ; elle battit le pavé de sa saoulerie et, comme je l’aimais, je la frappai au visage.

Puis nous vécûmes au bord d’un fleuve. Elle cultiva un petit jardin où poussèrent quelques roses et des glaïeuls ; elle était douce comme le bonheur.

Je l’ai suivie — je l’ai suivie aussi, par les ruelles d’une ville étrangère, ce soir qu’elle rasait les murs furtivement. J’avais guetté sa trahison. La main déjà sur la clef secrète et le pied sur le seuil adultère, en m’apercevant, elle se retourna si brusquement que son manteau se dégrafa et lui découvrit le sein ; elle s’adossa au vantail, arrogante et hargneuse, les mains en griffes ; je la saisis à sa gorge toute tiède de luxure. Nous nous taisions ; son corps se crispa ; elle suffoquait ; ses yeux s’agrandirent, sa bouche se tordit et se mouilla d’une salive rosâtre. Parfois un soubresaut. L’ongle de son pied nu grinçait sur la pierre. Quand je la sentis morte, sans cesser de l’étrangler, je baisai ses lèvres saignantes.

Je la lâchai : elle resta debout un instant, puis