Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/70

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menade, ni aux tavernes ni chez les courtisanes qu’il fréquenta, car leur accès s’ouvrit vite à un jeune homme de son nom, bien monté en chevaux, linge et bijoux. Deux des plus galantes se le disputèrent même avec acharnement. L’une était brune et l’enleva à l’autre qui était blonde et qui le lui reprit, bien qu’il se fût mieux accommodé de les satisfaire tour à tour que de choisir entre elles.

Son goût de la débauche et du jeu le lia vite avec quelques-uns des jeunes gens les plus élégants de la ville. On le pria bientôt à toutes les parties. Il y plut et comme les barbons aiment à se mêler aux désordres de la jeunesse, il connut là, par l’entremise des plaisirs que tous recherchent, maints graves personnages dont l’abord lui eût été sans cela difficile. Ce commerce le mit de plain pied dans la meilleure société d’Ochria. A le rencontrer si souvent chez leurs maîtresses, ces messieurs en vinrent à le produire auprès de leurs femmes, et M. d’Amercœur connut bientôt les grands hôtels silencieux au fond de leurs cours pavées. Il s’assit aux tables somptueuses, goûta les mets des cuisines savantes, huma le vin des caves séculaires et vit, sous les