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Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/188

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Le souvenir unit en ma longue mémoire
La volupté rieuse au souriant amour,
Et le Passé debout me chante, blanche ou noire,
Sur sa flûte d’ébène ou sa flûte d’ivoire,
Sa tristesse ou sa joie, au pas léger ou lourd.

Toute ma vie en moi toujours chante ou bourdonne ;
Ma grappe a son abeille et ma source a son eau ;
Que m’importe le soir, que m’importe l’automne,
Si l’été fut fécond et si l’aube fut bonne,
Si le désir fut fort et si l’amour fut beau.

Ce ne sera pas trop du Temps sans jours ni nombre
Et de tout le silence et de toute la nuit
Qui sur l’homme à jamais pèse au sépulcre sombre,
Ce ne sera pas trop, vois-tu, de toute l’ombre
Pour lui faire oublier ce qui vécut en lui.