Aller au contenu

Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et ménager son souffle afin qu’il ne se lasse,
Et comment il faut tenir son corps,
Tenir ses bras,
Le coude en bas,
Que sais-je encor ?…

Il n’aimait pas chanter quand on pouvait l’entendre.
De sa grotte jamais on ne le vit descendre,
Et, comme le faisaient les satyres souvent,
Défier les bergers à des luttes de chant.
Mais le soir, quand partout les hommes et les bêtes
Dormaient, il se glissait sans bruit dans l’herbe fraîche
Et, seul, il s’en allait, parfois, jusqu’au matin,
Sur la pente du mont s’asseoir parmi les pins,
En face de la nuit, du silence et de l’ombre.
La chanson de sa flûte emplissait le bois sombre.
Ô merveille, on eût dit que chaque arbre eût chanté !
Et c’est ainsi, enfant, que je l’ai écouté…
C’était vaste, charmant, mystérieux et beau
Cette forêt vivante en ce petit roseau,
Avec son âme, et ses feuilles, et ses fontaines,
Avec le ciel, avec la terre, avec le vent…

Mais ceux qui l’avaient entendu