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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS

À gauche, à droite, au moindre bruit,
Sans plus polir la panse ou lever le marteau.
L’eau
Coulait de la fontaine comme haletante.
Dans le silence
J’entendais, un à un, aux arbres du verger,
Les fruits tomber de branche en branche ;
Je respirais un parfum messager
De fleurs lointaines sur le vent ;
Souvent,
Je croyais qu’on avait parlé bas.
Et, un jour que je rêvais — ne dormant pas —
J’entendis par delà les prés et la rivière
Chanter des flûtes…

Un jour, encor,
Entre les feuilles d’ocre et d’or
Du bois, je vis, avec ses jambes de poil jaune,
Danser un faune ;
Je l’aperçus aussi, une autre fois,
Sortir du bois
Le long de la route et s’asseoir sur une borne
Pour prendre un papillon à l’une de ses cornes.

Une autre fois,
Un centaure passa la rivière à la nage ;
L’eau ruisselait sur sa peau d’homme et son pelage ;