Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
LES ROSEAUX DE LA FLUTE

Les vendangeurs du tertre et les faucheurs du val
Ont vu, mystérieusement, le grand cheval
À leurs yeux éblouis cabrer son dos ailé.
Aurore, tu le vis, et toi, ciel étoilé !
S’effarant dans l’azur et hennissant dans l’ombre,
Emplissant de son cri toute la forêt sombre,
Et farouche, rué au galop vers la mer,
Brusquement, s’arrêter au bord du sable clair
Où le pot déferlé cabre aussi son écume ;
Et, tremblant, immobile en son poil d’or qui fume,
Éclaboussé d’embrun et roux de sueur âcre,
Éventer doucement de ses ailes de nacre
Que l’âpre vent marin gonfle de son haleine
L’Enfant né de la Mer et des vertes Sirènes.