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Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/171

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LES ROSEAUX DE LA FLUTE


MÉDAILLE


La plus belle n’a pas, car vous êtes plus belle,
Ce visage charmant que mon labeur cisèle
Sur la médaille ronde où mes mains ont gravé
Ce que j’ai vu de vous après l’avoir rêvé,
Le profil à jamais de votre haute grâce ;
La guirlande flexible autour de vous enlace
Sa fleur épanouie et sa fleur entr’ouverte ;
On dirait qu’une source claire vous reflète
En son miroir glacé de lune, et l’on peut croire
Que vous apparaissez divine en votre gloire
Parmi le soleil fauve où mon amour vous voit ;
Car pour l’empreindre mieux j’ai frappé par trois fois
Dans un triple métal votre triple effigie,
Or solide, argent dur, bronze, pour que sourie
Trois fois dans le métal qui fixe sa beauté
Le sourire vivant que vous aurez été.