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LES ROSEAUX DE LA FLUTE


L’HIVER


Dépose la lanterne et l’épieu du voyage,
Car la pluie au dehors tisse le paysage
De l’enchevêtrement des trames de l’averse ;
Le vent mystérieux, au coin du mur, converse
Avec quelqu’un qui gronde et quelqu’un qui sanglote,
Et l’Hiver aux doigts gourds parle et heurte à la porte
Doucement, et voici qu’il entre dans la chambre,
T’apportant, en ses mains de brouillard et de cendre,
Ô Voyageur ! — pour te dire de rester là
Loin de la route d’ombre où s’en irait ton pas
Trébucher à l’ornière et buter à la flaque —
Avec ses grains de jade et ses boules de laque,
En un vase d’onyx où leur bouquet s’unit
Le vert gui spongieux et le houx racorni.