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Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/199

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INSCRIPTIONS POUR LES TREIZE PORTES DE LA VILLE


POUR LA PORTE DES COURTISANES


Si tu viens, un matin, rejoindre dans les villes
Toutes les douces sœurs frivoles et futiles
Qui vendent leur beauté et donnent leur amour,
Arrête-toi devant ma porte sans retour,
Car ses battants sont faits de vitre reflétante ;
Regarde-toi venir devant toi, toi que tente
Peut-être l’or déjà et le bruit du festin.
Toi qui arrives du vaste pays lointain.
Toi qui souris encor mystérieuse et pure,
Et rousse car l’automne est en ta chevelure,
Et les fruits de l’été à tes seins, et la mousse
Des antres fabuleux éclose à ta peau douce,
Et dans le pli secret de ta plus tiède chair
La forme des coquilles roses de la mer,
Et la beauté de l’aube et de l’ombre, et l’odeur
Des forêts, des jardins, des algues et des fleurs !
Arrête-toi avant d’apporter cette aumône
Ineffable d’être le printemps et l’automne