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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


L’ACCUEIL


Le flot bleu qui se rue et se cabre à la côte
T’apporta, blanche et nue, en ses écumes d’or
Sur la plage saline où gronde la mer haute.

Tes beaux doigts ont saisi les crinières que tord
Le vent marin au col des lames dont la bouche
A bavé hennissante au roc dur qu’elle mord.

Fille du flot profond et de la mer farouche,
Te voici écumeuse et debout et riant
Au monstre paternel qui devant toi se couche.

L’aube pour t’accueillir se lève à l’orient ;
La terre en fleurs tressaille et hausse ses corolles
Jusqu’à ta jeune main qui passe en les pliant ;

La branche te caresse et te touche l’épaule,
Le caillou se détourne et roule sous tes pas,
Et l’écho t’accompagne et la brise te frôle.