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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


LE FARDEAU


Pose le glaive lourd et la flûte faussée,
Et qu’au thyrse rompu que tu jettes au vent
Le double serpent d’or se noue en caducée.

Assieds-toi. L’heure passe où tu marchas vivant
Vers le rebelle Amour et la Gloire furtive ;
Et la pourpre de l’aube est cendre à son couchant.

Regarde les roseaux trembler sur l’autre rive
Du fleuve où ton retour a lavé ses pieds nus,
Car l’eau coule entre toi et la berge plaintive.

D’autres y cueilleront, qui ne sont pas venus,
L’éloquente syrinx pour éveiller par elle
Un immortel écho qui ne se taira plus.

D’autres aussi viendront vers la gloire cruelle
Avec le glaive haut de leur jeune désir ;
Mais le laurier souvent ombrage l’asphodèle.