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Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/269

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LA CORBEILLE DES HEURES


L’OFFRANDE


Dans ma corbeille d’or, j’apporte à ta beauté,
Silencieux, avec le geste qui les donne,
La fleur de mon printemps et de mon jeune été.

Si le verger fut prompt, la treille aussi fut bonne ;
Regarde dans ma main se gonfler lourdement
La grappe sans défaut qu’y suspendit l’automne.

Mais comme j’ai connu, hélas ! non seulement
La saison de la terre et la paix des collines,
Regarde ce que j’ai dans mon panier d’argent :

Voici des varechs verts et des algues salines
Et des conques de nacre où murmure la mer
Avec sa double voix monstrueuse et divine ;

Car j’ai connu l’écume éparse au flot amer ;
L’âpre vent a battu d’une aile forcenée
Ma face d’ambre grave et mon visage clair ;