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Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/279

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POÈMES DIVERS


Et va, puisque le paon, la colombe et le cygne
Ont fui ta main stérile et que le jour est mort,
Cueille au noir cep le sang de la mauvaise vigne
Et regarde dans l’ombre éclater les yeux d’or.

Puisque les beaux oiseaux ont fui ta main ouverte,
Crispe ton poing tordu et laisses-y, debout,
S’y poser, tour à tour, hérissé ou inerte,
Le sinistre corbeau ou le triste hibou.

Implante dans la terre et la mousse vorace
Tes talons obstinés qui ne bougeront plus,
Et que ta jambe prise à l’herbe qui l’enlace
Sente ramper les nœuds des lierres poilus ;

Et funèbre statue au seuil de la Nuit sombre.
Bouche muette aux pleurs et taciturne au cri,
Dresses-y pour jamais ton geste qu’a meurtri
Le bec de la ténèbre ou les griffes de l’ombre.