Aller au contenu

Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
ARÉTHUSE


Ô ma sœur, je le vois pleurer de ce sourire !


L’UNE


Le pain blanc que ses mains portent dans la corbeille
Est la cendre de l’Espoir et sa nourriture ;
La douleur mûrira par grappes à ses treilles.


L’AUTRE


Et la clef qui sursaute et tinte à sa ceinture
Ouvre la porte d’ombre et la chambre où s’agitent
L’inquiétude en sang que le soupçon torture,


ENSEMBLE


La luxure qui mord et le souci qui griffe.


LA PLUS VIEILLE


Puisqu’il n’a pas compris la Nymphe aux cheveux d’or
Qui voulait se baigner plus nue à la fontaine,
Et puisqu’il n’a pas reconnu celle qui dort

Auprès de la mer vaste où nue est la Sirène,
Puisqu’il a dédaigné la Nymphe aux cheveux d’or,
Qu’il s’en aille à jamais où son Destin le mène,

Et que la Femme, hélas ! le conduise à la mort.


Le ciel est tout à fait noir. Un éclair brille et se casse comme un glaive.