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Page:Régnier - Les Jeux rustiques et divins, 1897, 2e éd.djvu/80

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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


Le Désir à sa bouche accouple les roseaux
En flûtes doubles et chante et s’émerveille
D’être la Vie…
Et tu es mort !


Et nous voici l’un et l’autre près de la mer.
Ami, ton âme, hélas ! n’a pas compris ma chair
Et c’est en vain que j’ai déroulé mes cheveux,
Et c’est en vain que j’ai marché nue à tes yeux ;
Tu passas, et le soir, ami, t’ouvre sa porte,
Et la Vie à genoux baise tes lèvres mortes.

Elle se relève.

Et me voici encor debout devant la mer.


Elle se tient debout en sa robe glauque, écaillée, aux derniers rayons du soleil. La mer a monté, les vagues déferlent sur le sable et emportent le cadavre.


Ô souveraine
Qui montes en vagues d’écumes et roules
Sur la grève la volute de tes houles,
Ô souveraine
Qui écumes et qui ruisselles, ô Mer
Propice et maternelle à ma chair,
Ô moi, partie et revenue.
Reprends-moi nue,