Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/151

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quand monsieur le duc la remarqua pour s’en déclarer à première vue éperdument amoureux. Lui-même n’était ni vieux ni mal fait, et puissamment riche : aussi, dès qu’il découvrit aux parents de mademoiselle de Barandin son projet d’épouser leur fille, ceux-ci furent-ils éblouis d’une alliance si démesurée. Quelle ne fut donc pas leur surprise quand ils lui annoncèrent cet événement, de la voir, au lieu de battre les mains, devenir extrêmement pâle et tomber en faiblesse ! Ils crurent d’abord que cette défaillance ne marquait qu’un excès de joie, mais ils durent bientôt en rabattre, lorsque cette demoiselle leur avoua qu’elle aimait secrètement un jeune gentilhomme de leur connaissance, qui s’appelait monsieur de Cérac, et qu’ils s’étaient donné leur foi. Ce monsieur de Cérac avait ses terres auprès de celles de monsieur de Barandin et elles n’étaient grandes ni les unes ni les autres. Monsieur de Barandin possédait là un vieux château délabré et proche de celui, guère meilleur, qu’habitait la famille de monsieur de Cérac. Monsieur de Barandin avait, depuis quelques années, quitté ce séjour peu propice à autre chose qu’à s’y enterrer dans l’oubli et était venu se pousser à la cour. Ce fut là que sa fille avait retrouvé le jeune monsieur de Cérac,