Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/16

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, ce n’est point tant leur manière de comprendre cette vie-ci que l’autre, et l’on aura justement affaire, dans ce livre, à des gens qui ne font pas grand cas de l’idée que quelque chose de nous puisse survivre à ce que nous avons été. Ce sont eux que le XVIIe siècle appelait du nom de « Libertins » et qui pensaient, avec leur Ninon de Lenclos, « qu’on est bien à plaindre, quand on a besoin de la religion pour se conduire, car c’est une preuve qu’on a l’esprit bien borné ou le cœur bien corrompu ».

Les quelques Esprits Forts que j’ai entrepris de figurer ici y parlent donc assez mal de ce qui leur semblait des préjugés. Aussi aurais-je peut-être hésité à rapporter leurs propos, si je n’avais été sûr qu’ils leur appartinssent en propre et si je n’avais jugé qu’ils composassent un curieux tableau de mœurs ou plutôt, comme je le disais, une sorte de comédie burlesque et outrée qui barbouille de couleurs crues un sujet au fond grave et sérieux, et n’en montre, au lieu de la face véritable, que les bouches peintes et les masques aux joues de carton.

Quelles qu’elles soient, je n’aurais pas voulu publier ces Rencontres de M. de Bréot sans un mot d’avertissement. Il est vrai qu’on pourra me