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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/278

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de force à jouer une pareille partie. Vous avez de bonnes cartes en mains, mais qui peut assurer que vous ne perdrez pas tout de même votre mise. Certes, en entrant ici, vous avez bien laissé à la porte votre bissac, mais vous avez conservé dans vos doublures les miettes dont s’est nourri malgré vous votre esprit. Je ne prétends point que ce soit de votre faute, mais cette poussière a suffi pour engraisser en des parties de vous-même dont la tumeur vous apparaît à présent, et dont je ne vois la guérison que dans ce que je vais vous conseiller. À votre place, je retournerais dans le monde, quitte à y retrouver le vieil homme que vous y avez laissé. Il vaut peut-être bien autant que celui qui s’est coulé à sa place et dont vous ne viendrez pas à bout, car les péchés que vous vous découvrez ont une vivacité que rien n’a encore épuisée, et ils sont trop en toute leur force et en toute leur nouveauté pour que vous ayez chance d’en voir la fin en une solitude dont ils vous rendraient le bienfait inutile.

» Retournez-vous-en, monsieur, mais ne désespérez pas pour cela de votre salut. Il y a, en tout, d’heureux hasards, et qui sait si, entre deux accès de votre péché ordinaire, vous ne trouverez pas le temps d’un de ces petits repentirs qui suffisent à nous