Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la vue de M. de Bréot. C’était une grosse perruque surmontée de deux cornes dorées. En même temps, la mère Courboin étalait un habit de velours vert, d’une forme inusitée. M. de Bréot tressaillit. Comment cette défroque sylvestre était-elle tombée aux griffes des Courboin ? Venait-elle de M. du Tronquoy ou de M. de Gaillardin ou de quelqu’autre des Sylvains du Verduron ? C’était bien à l’un d’eux qu’avaient appartenu cet habit vert et cette perruque cornue, et M. de Bréot revit une fois encore devant ses yeux l’image familière et dansante de la belle madame de Blionne. Il demanda aux Courboin étonnés le prix qu’ils voulaient de ces oripeaux, le paya et remonta dans sa chambre. Là il joignit la perruque et l’habit à ses propres hardes, et, les yeux baissés sur le carreau, il laissa venir le soir. Il partait le lendemain.


Le valet, qui accompagnait M. de Bréot et qui remarquait son air de mélancolie, fut assez surpris, au milieu de la seconde journée de route, de le voir subitement perdre cette physionomie de tristesse et changer, tout à coup, son silence en chansons qu’il lançait à pleine voix en flattant de la main le col de son cheval, comme pour l’engager