Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jeunesse. M. Floreau de Bercaillé lui glissait parfois à l’oreille, entre deux portes, de ces propos qui l’eussent fait jeter honteusement hors du cabinet où madame de Preignelay présidait à un cercle de beaux esprits et d’honnêtes gens.

M. Floreau de Bercaillé se consolait de ces entraves en fréquentant les tavernes et les cabarets. Il laissait sa Muse à la porte avant d’entrer, et il rejoignait là une compagnie où il pouvait à son aise se débrailler. Le vin déliait les langues. Les libertés que la mode condamnait dans les écrits y gardaient un asile. M. Floreau de Bercaillé s’y répandait en discours qu’il ne se fût guère permis autre part, non plus que de boire du vin avec excès comme il ne s’en privait pas en ces occasions. L’ivresse de M. de Bercaillé était dangereuse. Il s’y laissait voir comme la nature l’avait formé, et l’on sait que souvent ce que nous sommes n’est pas exactement ce que les mœurs de la bonne société nous forcent à paraître. On s’en apercevait à M. de Bercaillé quand il faisait la débauche : il s’y montrait bouffon et passablement ordurier. Il n’était point seul d’ailleurs à être ainsi, et M. le prince de Thuines, lui-même, ne dédaignait pas de se mêler à ces divertissements de cabaret, où