Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/299

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l’eût pu satisfaire, avait diminué au point de presque disparaître de son esprit. L’urne de bronze vert, trouvée au sortir de la porte Salaria et qu’il avait envoyée à l’abbé, semblait avoir emporté en elle les cendres de Galandot l’antiquaire, et la meilleure preuve en paraissait bien au mépris avec lequel il avait fait des poteries de la vieille Barbara de commodes bourses d’argile.

Ainsi donc M. de Galandot se trouvait-il plus oisif et plus sans raison d’être que jamais et sa vie risquait bien, au train qu’elle prenait, de s’achever sans qu’il eût su, non pas certes à quoi la faire servir, mais à quoi même l’employer. Il n’avait vraiment part à rien ; la religion même, qui est une occupation, lui manquait. Il ne fréquentait les églises que pour s’y abriter les jours de pluie et de vent. Il se tenait en dehors de toute pratique. Le séjour à Rome ne changea rien à cette coutume. L’abbé Hubertet qui avait connu Nicolas, en sa jeunesse, fort exactement assidu aux sacrements et plus que bon chrétien, ne pouvait, à le voir ainsi, s’empêcher de dire familièrement, en haussant un peu les épaules, que, « quand on était comme Nicolas, ce n’était guère la peine de ne point croire en Dieu », entendant sans doute par là qu’il est vraiment regrettable et presque superflu de ne pas profiter de ce que le défaut de toute passion vous rende le salut si facile et de se priver ainsi délibérément de tant de chances qu’on a de faire aisément le sien.

S’il restait étranger aux plaisirs particuliers, il ne recherchait pas davantage ceux que procurent