Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/407

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Il fait un bruit comme quand on tire de l’eau d’un puits. Alors je suis monté prévenir.

— C’est bien, j’y vais, dit Angiolino avec importance. »

Jacopo descendit, laissant la porte ouverte. Olympia et Angiolino ne disaient rien. Ils se tenaient l’un devant l’autre sans se regarder. La lumière de la lampe dessinait leurs ombres bizarres sur le mur. La porte ouverte montrait son carré de ténèbres.

— « Ferme donc », dit Olympia.

Angiolino alla vers la porte, la ferma brusquement en retirant sa main comme par crainte de quelque étreinte invisible. Ils se sentirent plus rassurés.

Ils avaient de la mort une peur stupide et basse, surtout Angiolino qui n’avait jamais vu de cadavres. Il leur croyait un aspect effrayant et pensait que, la vie enfuie, le squelette apparaît immédiatement. Il allait et venait par la chambre. Sa peur se tourna en colère, il frappa du pied.

— « Le gueux ! ah ! le gueux ! nous mourir là, à deux pas ! »

Puis il s’arrêta ; un moustique brûlé grésilla au flambeau. Olympia remonta l’épaulette de sa chemise. On entendit le glissement léger du linge sur sa peau. Angiolino perplexe se frotta le menton. Le poil de sa barbe rasée râpa la paume de sa main.

— « Après tout, il mourra bien tout seul ; qui nous force à descendre ? »

L’idée d’aller seul dans les ténèbres le faisait frissonner et il implorait des yeux Olympia pour qu’elle lui offrît au moins de l’accompagner. La