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Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/80

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LA DOUBLE MAÎTRESSE

Pré. D’autre part, et pour corriger la frivole tutelle de M. et de Mme du Fresnay, il désirait vivement pour Julie la haute et sévère raison de Mme de Galandot qui ne manquerait pas de lui inculquer de solides préceptes d’honneur et de vertu et toute la religion nécessaire à en assurer les principes.

C’est cette influence à prendre sur une enfant que l’abbé faisait valoir à Mme de Galandot. Il savait que son orgueil ne serait pas insensible au pouvoir qu’on attribuait à sa vertu et par là il espérait l’amener peu à peu à ses vues. Nicolas les secondait de son silencieux désir. L’abbé l’avait attendri sur le sort de sa petite cousine, et Nicolas, dont le cœur était meilleur que l’esprit, éprouvait pour elle un charitable intérêt. Il assistait au débat entre sa mère et l’abbé, en y restant à l’écart comme de toutes choses, car, habitué dès longtemps à ne pas agir par lui-même, il était incapable d’intervenir efficacement en quoi que ce fût.

Mme de Galandot évitait toute réponse définitive.

Le temps pressait, néanmoins, car l’abbé Hubertet allait bientôt quitter Pont-aux-Belles. L’évêque qui estimait la science et la sûreté de l’abbé venait de se l’attacher comme secrétaire. M. de la Grangère devait partir pour l’Italie sur la fin de l’automne, chargé par le roi de négociations secrètes, et il emmenait avec lui M. Hubertet qui tenait fort, avant son départ, à avoir introduit la petite Julie à Pont-aux-Belles. Il s’en