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Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/90

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LA DOUBLE MAÎTRESSE

l’ombre au vieux cadran de pierre où son père avait aimé jadis à voir tourner l’heure au soleil.

Tout ce qui dépassait la limite des circonstances quotidiennes lui apparaissait vague et confus. Il faisait de soi un usage modéré et des autres aucun ; mais, s’il avait dans la tête peu d’images et peu de pensées, il avait au cœur des sentiments très fermes et très constants. Il aimait sincèrement et fortement sa mère ; aussi, quand l’époque approcha où Julie dut revenir à Pont-aux-Belles, partagea-t-il la mauvaise humeur de Mme de Galandot à l’égard de cette petite et ne lui fit-il guère plus bienvenue de cousin qu’elle accueil de tante. Mais ce sentiment, il faut le dire, dura peu, et Nicolas qui était doux, simple et bon, n’y mit pas la durée et la persévérance qu’apporta au sien Mme de Galandot.

Le lendemain de l’arrivée de Julie au château, elle se promenait dans les jardins sous la surveillance d’une des deux vieilles servantes de Mme de Galandot. Pont-aux-Belles ne se trouvait guère habité que par des vieilles gens ; aussi Julie était-elle la première figure jeune qu’y vit à demeure Nicolas. L’enfant marchait tristement ; on entendait ses petits pieds alertes sur le gravier à travers le pas lourd de l’antique chambrière qui parfois toussait et traînait la jambe par l’allée.

Julie eut quelque peine à se mettre au pas où entendait la réduire sa tante. Mme de Galandot consentait bien à recevoir sa nièce sur les instances de M. de la Grangère et à la pensée du scandale que son refus n’aurait pas manqué de produire,