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Page:Raîche - Au creux des sillons, 1926.djvu/19

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AU CREUX DES SILLONS

teurs arrivèrent un beau matin. Ils mirent dans leur tâche tout un déploiement de formalités, de précautions et de minuties. Il s’agissait de faire durer l’aubaine.

Après avoir arpenté, mesuré, calculé, supputé, ils arrivèrent à la conclusion que la clôture était bien où elle devait être. Ils s’en allèrent, largement payés.

Mais ce qui devait être la fin de cette malheureuse affaire ne fut que le commencement d’une nouvelle discorde.

Les deux hommes, confus de voir l’échafaudage qu’ils avaient élevé pour s’écraser l’un et l’autre, s’écrouler par terre dans la risée générale, cherchaient de nouveaux motifs de grief et de vengeance.

Lamarre se rappelait qu’on avait dit, au vif de la mêlée, que Corriveau l’avait appelé voleur, et Corriveau que Lamarre avait déclaré qu’il était malhonnête. On se chercha des témoins et on en trouva sans peine. Toute la paroisse eût voulu témoigner, tant les choses avaient pris des proportions fantastiques. Les langues se mirent de nouveau de la partie et l’hydre multiplia ses têtes odieuses.