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Page:Raîche - Les dépaysés, c1929.djvu/84

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les dépaysés

re son journal à haute voix. C’était pourtant assez de la pluie. Décidément il me prend pour une victime facile. Il y a donc des fâcheux partout. Après avoir lu son journal il commence à me parler du radium, cette merveilleuse découverte, et il ne tarit pas. J’avais observé une minute auparavant qu’il lisait l’encyclopédie britannique à la lettre R. En effet il venait de lire l’article sur le Radium et il était encore tout plein de son sujet. Je lui donne la satisfaction de briller à son aise. Il finit par me parler de sa famille. Ah le fâcheux ! Et je songe à la triste vérité des vers d’Horace :


Ibam forte via sacra, sicut meus est mos,
Nescio quid meditans nugarem, totus in illis ;
Accurit quidam, notus mihi nomine tantum,
Arreptaque manu : “Quid agis, dulcissime, rerum ?


Le temps se met au beau. Nous sortons visiter la ville. Les guides américains ont cette particularité que si nous visitons un monument, un édifice public, ils ne manquent pas de nous dire d’emblée :

« Cela coûte tant de milliers de dollars, cela a tant de pieds de large, de haut, de long ; c’est ce qu’il y a de mieux au monde. » Ils semblent conclure que c’est beau parce que c’est coûteux et gigantesque.

Le lendemain nous atteignons Saint-Louis après un court repos à Indianapolis. Saint-Louis ressemble un peu moins aux autres villes américaines. C’est une magnifique ville de forme rectangulaire à cinq cents pieds au-dessus de la mer. Sa population est de 687, 000 âmes, ce qui en fait une importante ville des États-Unis. Les catholiques y forment la