Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome III (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/68

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— Je n’ai plus les yeux éblouis, répondit Gymnaste.

— Je ne suis plus à jeun, dit Eusthènes. Pour tout aujourd’hui seront en sûreté de ma salive aspics, vipères… »

COMMENT PANTAGRUEL HAUSSE LE TEMPS AVEC SES DOMESTIQUES.

« En quelle hiérarchie, demanda frère Jean, de tels animaux vénéneux, mettez-vous la femme future de Panurge ?

— Dis-tu mal des femmes, répondit Panurge, ho ! godelureau, moine cul pelé ?

— Par la gogue cénomanique[1], dit Épistémon, Euripides écrit (et le prononce Andromache), que contre toutes bêtes vénéneuses a été, par l’invention des humains et instruction des dieux, remède profitable trouvé. Remède jusques à présent n’a été trouvé contre la male[2] femme.

— Ce gorgias[3] Euripides, dit Panurge, toujours a médit des femmes. Aussi fut-il par vengeance divine mangé des chiens, comme lui reproche Aristophanes. Suivons. Qui a, si parle[4].

— J’urinerai présentement, dit Épistémon, tant qu’on voudra.

— J’ai maintenant, dit Xénomanes, mon estomac sabourré[5] à profit de ménage. Ja[6] ne penchera d’un côté plus que d’autre.

— Il ne me faut, dit Carpalim, ne vin ne pain, trêves de soif, trêves de faim.

— Je ne suis plus fâché, dit Panurge. Dieu merci et vous. Je suis gai comme un papegai[7], joyeux comme un émerillon, allègre comme un papillon. Véritablement il est écrit par votre beau Euripides, et le dit Silénus, buveur mémorable,

Furieux est, de bon sens ne jouit,
Quiconque boit et ne s’en réjouit.

« Sans point de faute nous devons bien louer le bon Dieu notre

  1. Le boyau du Mans.
  2. Mauvaise.
  3. Bel.
  4. Qui a (un roi), le dise, terme de jeu.
  5. Lesté.
  6. Jamais.
  7. Perroquet.