Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome II (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/94

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qu’au jour de mes noces vous serez d’ailleurs empêché à vos pratiques et que n’y pourrez comparaître. Je vous en excuse.

Stercus et urina medici sunt prandia prima.
Ex aliis paleas, ex istis collige grana.

— Vous prenez mal, dit Rondibilis. Le vers subséquent est tel :

Nobis sunt signa, vobis sunt prandia digna.

— Si ma femme se porte mal…

— J’en voudrais voir l’urine, dit Rondibilis, toucher le pouls et voir la disposition du bas-ventre et des parties ombilicaires, comme nous commande Hippocrates, 2 Apho. 35, avant outre procéder.

— Non, non, dit Panurge, cela ne fait à propos. C’est pour nous autres légistes, qui avons la rubrique De ventre inspiciendo. Je lui apprête un clystère barbarin. Ne laissez vos affaires d’ailleurs plus urgents. Je vous enverrai du rillé[1] en votre maison et serez toujours notre ami. » Puis s’approcha de lui et lui mit en main sans mot dire quatre nobles[2] à la rose. Rondibilis les prit très bien, puis lui dit en effroi, comme indigné : « Hé ! hé ! hé ! monsieur, il ne fallait rien. Grand merci, toutefois. De méchantes gens jamais je ne prends rien. Rien jamais des gens de bien je ne refuse. Je suis toujours à votre commandement.

— En payant, dit Panurge.

— Cela s’entend, » répondit Rondibilis.

COMMENT TROUILLOGAN, PHILOSOPHE, TRAITE LA DIFFICULTÉ DE MARIAGE.

Ces paroles achevées, Pantagruel dit à Trouillogan le philosophe : « Notre féal, de main en main vous est la lampe baillée. C’est à vous maintenant de répondre. Panurge se doit-il marier, ou non ?

— Tous les deux, répondit Trouillogan.

— Que me dites-vous ? demanda Panurge.

— Ce qu’avez ouï, répondit Trouillogan.

  1. Rillons.
  2. (Pièces d’or anglaises).