Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/101

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pour parvenir à la ville de sa nativité, qui estoit en dangier. De faict une heure apres se leva le vent nommé Nordnordwest auquel ilz donnerent pleines voilles et prindrent la haulte mer, et en briefz iours passans par Porto sancto, et par Medere, firent scalle es isles de Canarre. De là partant passerent par Cap blanco, par Senege, par Cap Virido, par Gambre, par Sagres, par Melli, par le Cap de bona sperantza, piedsmont scalle au royaulme de Melinde, de là partant firent voile au vent de la transmontane, et passant par Meden, par Uti, par Uden, par Gelasim, par les isles des phées, iouxte le royaulme de Achorie, distant de la ville des Amaurotes de troys lieues, et quelque peu davantaige. Et quand ilz furent en terre quelque peu refraischiz. Pantagruel dist. Enfans la ville n’est pas si loing d’icy, devant que marcher oultre il feroit bon de deliberer ce qu’est à faire, affin que ne semblons es Atheniens qui ne consultoient iamais sinon apres le cas. N’estes vous pas deliberez de vivre et mourir avecques moy ? Seigneur ouy, dirent ilz tous, et vous tenez asseuré de nous, comme de voz doigts propres. Or (dist il) il n’y a qu’ung poinct que me tiengne suspend et doubteux, c’est que ie ne sçay en quel ordre, ny en quel nombre sont les ennemys qui tinnent la ville assiegée : car quand ie le sçauroys, ie m’y en iroys en plus grande asseurance, par ce advisons ensemble du moyen comment nous le pourrons sçavoir. À quoy tous ensemble dirent, Laissez nous y aller veoir, et nous attendez icy : car pour tout le iourd’huy nous vous en apporterons nouvelles certaines. Moy, dist Panurge, Ientreprends d’entrer en leur camp par le meillieu des gardes et du guet, et banc-