Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/153

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pour cause.

— Bren ! (dist Gymnaste) j’ay failly ; je voys defaire cestuy sault. »

Lors par grande force et agilité feist en tournant à dextre la gambade comme davant. Ce faict, mist le poulce de la dextre sus l’arçon de la scelle et leva tout le corps en l’air, se soustenant tout le corps sus le muscle et nerf dudict poulce, et ainsi se tourna troys foys. À la quatriesme, se renversant tout le corps sans à rien toucher, se guinda entre les deux aureilles du cheval, soudant tout le corps en l’air sus le poulce de la senestre, et en cest estat feist le tour du moulinet ; puis, frappant du plat de la main dextre sus le meillieu de la selle, se donna tel branle qu’il se assist sus la crope, comme font les damoiselles.

Ce faict, tout à l’aise passe la jambe droicte par sus la selle, et se mist en estat de chevaucheur sus la croppe.

«  Mais (dist il) mieulx vault que je me mette entre les arsons. »

Adoncq, se appoyant sus les poulces des deux mains à la crope davant soy, se renversa cul sus teste en l’air et se trouva entre les arsons en bon maintien ; puis d’un sobresault leva tout le corps en l’air, et ainsi se tint piedz joinctz entre les arsons, et là tournoya plus de cent tours, les bras estenduz en croix, et crioit ce faisant à haulte voix : « J’enrage, diables, j’enrage, j’enrage ! Tenez moy, diables, tenez moy, tenez ! »

Tandis qu’ainsi voltigeoit, les marroufles en grand esbahissement disoient l’ung à l’aultre : « Par la mer Dé ! c’est un lutin ou un diable ainsi deguisé. Ab hoste maligno, libera nos, Domine. » Et fuyoient à la route, regardans darriere soy comme un chien qui emporte un plumail.

Lors Gymnaste, voyant son advantaige, descend de cheval, desguaigne son espée et à grands coups chargea sus les plus huppés, et les ruoit à grands monceaulx, blessez, navrez et