Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/163

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luy percea une brosse chancreuze qui le martyrisoit depuis le temps qu’ilz eurent passé Ancenys.

Ainsi les pelerins denigez s’enfuyrent à travers la plante a beau trot, et appaisa la douleur.

En laquelle heure feut appellé par Eudemon pour soupper, car tout estoit prest :

«  Je m’en voys doncques (dist il) pisser mon malheur. »

Lors pissa si copieusement que l’urine trancha le chemin aux pelerins, et furent contrainctz passer la grande boyre. Passans de là par l’orée de la Touche, en plain chemin tomberent tous, excepté Fournillier, en une trape qu’on avoit faict pour prandre les loups à la trainnée, dont escapperent moyennant l’industrie dudict Fournillier, qui rompit tous les lacz et cordages. De là issus, pour le reste de celle nuyct coucherent en une loge près le Couldray, et là feurent reconfortez de leur malheur par les bonnes parolles d’un de leur compaignie, nommé Lasdaller, lequel leur remonstra que ceste adventure avoit esté predicte par David, Ps. :

«  Cum exurgerent homines in nos, forte vivos deglutissent nos, quand nous feusmes mangez en salade au grain du sel ; cum irasceretur furor eorum in nos, forsitan aqua absorbuisset nos, quand il beut le grand traict ; torrentem pertransivit anima nostra, quand nous passasmes la grande boyre ; forsitan pertransisset anima nostra aquam intolerabilem, de son urine, dont il nous tailla le chemin. Benedictus Dominus, qui non dedit nos in captionem dentibus eorum. Anima nostra, sicut passer erepta est de laquea venantium, quand nous tombasmes en la trape ; laqueus contritus est par Fournillier, et nos liberati sumus. Adjutorium nostrum, etc. »