Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/344

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mon cousteau ?

Non non, dist elle.

Mais (dist il) à propos, il est bien à vostre commandement corps & biens, tripez & boyaulx.

Ce pendant la dame n’estoit pas fort contente de ses patenostres : car c’estoit une de ses contenances à l’esglise. Et pensoit, ce bavart icy est quelque esventé, homme d’estrange pays, ie ne recouvreray iamais mes patenostres, que m’en dira mon mary ? Il s’en courroucera à moy : mais ie luy diray qu’ung larron me les a couppées dedans l’esglise, ce qu’il croira facillement, voyant encores le bout du ruban à ma ceinture. Apres disner Panurge l’alla veoir portant en sa manche une grande bourse pleine de gettons, et luy commença à dire. Lequel des deux ayme plus l’aultre ou vous moy, ou moy vous ?

À quoy elle respondit. Quant est de moy ie ne vous hays point : car comme dieu le commande, ie ayme tout le monde.

Mais à propos (dist il) n’estes vous pas amoureuse de moy ?

Ie vous ay (dist elle) ià dit tant de foys que vous ne me tenissiez plus telles parolles, si vous m’en parlez encores ie vous monstreray que ce n’est pas à moy à qui vous debvez ainsi parler de deshonneur allez vous en, & me rendez mes patenostres, que mon mary ne me les demande.

Comment (dist il) ma dame voz patenostres ? non feray par mon sergent, mais ie vous en veulx bien donner d’aultres, en aymerez vous mieulx d’or bien esmaillé en forme de grosses spheres, ou de beaux laz d’amours, ou bien toutes massifves comme gros lingotz, ou si en voulez de Ebene, ou de gros Hyacinthes taillez, avecques les marches de fines Turquoyses, ou de beaulx Topazes marchez de fins Saphiz, ou de beaulx Balays à tout grosses