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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/230

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le tiers livre

ie penſé, de tout ce negoce : ie m’en deportoys ſus voſtre bonne volunté & paternel commendement. Plus toſt prie Dieu eſtre à vos piedz veu roydde mort en voſtre deſplailir, que ſans voſtre plaiſir eſtre veu vif marié. Ie n’ay iamais entendu que par loy aulcune, feuſt ſacre, feuſt prophane, & barbare, ayt eſté en arbitre des enfans ſoy marier, non conſentans voulens & promouens leurs peres, meres, & parens prochains. Tous Legiſlateurs ont es enfans ceſte liberté tollue, es parens l’ont reſeruée.

Filz treſcher (diſt Gargantua[1]) ie vous en croy, & loue Dieu de ce que à voſtre notice ne viennent que choſes bonnes & louables, & que par les feneſtres de vos ſens rien n’eſt on domicile de voſtre eſprit entré fors liberal ſçauoir. Car de mon temps a eſté par le continent trouué pays on quel ne ſçay quelz paſtophores Taulpetiers, autant abhorrens de nopces, comme les pontifes de Cybele en Phrygie, ſi chappons feuſſent, & non galls pleins de ſalacité & laſciuie : les quelz ont dict loix es gens mariez ſus le faict de mariage. Et ne ſçay que plus doibue abhominer, ou la tyrannicque præſumption d’iceulx redoubtez Taulpetiers qui ne ſe contiennent dedans les treillis de leurs myſterieux temples, & ſe entremettent des negoces contraires par Diametre entier à leurs eſtatz : ou la ſuperſtitieuſe ſtupidité des gens mariez, qui ont ſanxi & preſté obeiſſance à telles tant malignes & barbaricques loigs. Et ne voyent (ce que plus clair eſt que l’eſtoille Matute) comment telles ſanxions connubiales toutes ſont à l’aduentaige de leurs Myſtes, nul au bien & profict des mariez. Qui eſt cauſe ſuffiſante pour les rendre ſuſpectes comme iniques & fraudulentes. Par reciprocque temerité pourroient ilz loigs eſtablir à leurs Myſtes

  1. Gargantua. Les premières éditions portent à tort Pantagruel.