Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
le quart livre

aſſault, promettre aux ſoubdars double paye pour celleuy iour : s’ilz guaignoient la bataille, l’on auoit prou de quoy payer : s’ilz la perdoient, c’euſt eſté honte la demander, comme feirent les fuyars Gruyers apres la bataille de Serizolles : auſſi qu’en fin vous doibuiez le payement reſeruer. L’argent vous demouraſt en bourſe. C’eſt (diſt Panurge) bien chié pour l’argent. Vertus Dieu i’ay eu du paſſetemps pour plus de cinquante mille francs. Retirons nous, le vent eſt propice. Frere Ian, eſcoutte icy. Iamais homme ne me feiſt plaiſir ſans recompenſe, ou recongnoiſſance pour le moins. Ie ne ſuys point ingrat, & ne le feux, ne ſeray. Iamais homme ne me feiſt deſplaiſir ſans repentence, ou en ce monde ou en l’aultre. Ie ne ſuys poinct fat iusques là. Tu (diſt frere Ian) te damne comme vn vieil diable. Il eſt eſcript, Mihi vindictam[1], & cætera. Matiere de breuiaire.


  1. Mihi vindictam. « A moi la vengeance… » Allusion à ce passage de S. Paul (Épître aux Hébreux, X, 30) : « Scimus enim qui dixit : Mihi vindicta, et ego retribuam. »