ce que auons, tout ce que eſperons eſt luy, en luy, de luy, par luy. C’eſt le bon Pan le grand paſteur qui comme atteſte le bergier paſſionné Corydon, non ſeulement a en amour & affection ſes brebis, mais auſſi ſes bergiers[1]. A la mort duquel feurent plaincts, ſouſpirs, effroy, & lamentations en toute la machine de l’Vniuers, cieulx, terre, mer, enfers. A ceſte miene interpretation compete le temps. Car ceſtuy treſbon treſgrand Pan, noſtre vnique Seruateur[2] mourut lez Hieruſalem, regnant en Rome Tibere Cæſar.
Pantagruel ce propous finy reſta en ſilence & profonde contemplation. Peu de temps apres nous veiſmes les larmes decouller de ſes œilz groſſes comme œufz de Auſtruche. Ie me donne à Dieu, ſi i’en mens d’vn ſeul mot.
- ↑ Ses brebis, mais auſſi ſes bergiers.
...Pan curat oves oviumque magistros.
- ↑ Noſtre vnique Seruateur. Cette interprétation est ancienne. Du Fail, qui l’expose tout au long dans son Epiſtre de Polygame à vn Gentilhomme contre les athees (t. II, p. 339), commence ainsi : « I’ay ſemblablement penſé eſtre de mon deuoir, vous parler d’vne hiſtoire grande & illuſtre, que Plutarque raconte au liure de la ceſſation des Oracles : laquelle, au iugement d’Euſebe, Pierre le Cheuelu Italien, & Pierre Meſſie Eſpagnol, ſe rapporte & approprie à noſtre propos. »