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le qvart livre

malades ilz vſent de vent couliz comme de couliz on nourriſt les malades de noſtre pays. O (me diſoyt vn petit enflé) qui pourroyt auoir vne veſſye de ce bon vent de Languegoth que l’on nomme Cyerce. Le noble Scurron medicin paſſant vn iour par ce pays nous contoit qu’il eſt ſi fort qu’il renuerſe les charrettes chargées. O le grand bien qu’il feroit à ma iambe Oedipodicque[* 1]. Les groſſes ne ſont les meilleures. Mais (diſt Panurge) vne groſſe botte de ce bon vin de Languegoth qui croiſt à Mireuaulx, Canteperdris, & Frontignan.

Ie y veiz vn home de bonne apparence bien reſemblant à la Ventroſe, amerement courrouſſé contre vn ſien gros grand varlet, & vn petit paige, & les battoit en Diable à grands coups de brodequin. Ignorant la cauſe du courroux penſois que feuſt par le conſeil des medicins, comme choſe ſalubre au maiſtre ſoy courrouſſer & battre : aux varletz, eſtre battuz. Mais ie ouyz qu’il reprochoit aux varletz luy auoir eſté robbé à demy vne oyre de vent Guarbin, laquelle il guardoit cherement comme viande rare pour l’arrière ſaiſon. Ilz ne fiantent, ilz ne piſſent, ilz ne crachent en ceſte iſle. En recompenſe ilz veſnent, ilz pedent, ilz rottent copieuſement. Ilz patiſſent toutes ſortes & toutes eſpeces de maladies. Auſſi toute maladie naiſt & procede de ventoſité, comme deduyt Hippocrates lib. de Flatibus. Mais la plus epidemiale eſt la cholicque venteuſe. Pour y remedier vſent de ventoſes amples, & y rendent fortes ventoſitez. Ilz meurent tous Hydropicques tympanites. Et meurent les homes en pedent, les femmes en veſnent. Ainſi leur ſort l’ame par le cul.

Depuys nous pourmenans par l’iſle rencontraſmes troys gros eſuentez les quelz alloient à l’eſbat veoir

  1. Iambe Oedipodicque. enflee, groſſe, comme les auoit Oedipus le diuinateur, qui en Grec ſignifie Pied-enflé