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le quart livre.


en laquelle n’y eust abondance de farce magistrale. L’aultre, que tout le sert & dessert feut porté par les filles pucelles mariables du lieu, belles, ie vous assie, saffrettes, blondelettes, doulcelettes, & de bonne grace. Les quelles vestues de longues, blanches, & deliées aubes à doubles ceinctures, le chef ouvert, les cheveulx instrophiez de petites bandelettes & rubans de saye violette, semez de roses, œilletz, mariolaine, aneth, aurande, & aultres fleurs odorantes, à chascune cadence nous invitoient à boire, avecques doctes & mignonnes reverences. Et estoient volontiers veues de toute l’assistence. Frère Ian les reguardoit de cousté, comme un chien qui emporte un plumail. Au dessert du premier metz feut par elles melodieusement chanté un Epode, à la louange des sacrosainctes Decretales.

Sus l’apport du second service, Homenaz tout ioyeulx & esbaudy adressa sa parole à un des maistres Sommeliers, disant. Clerice, esclaire icy. A ces motz une des filles promptement luy præsenta un grand hanat plein de vin Extravaguant. Il le tint en main, & souspirant promptement dist à Pantagruel. Mon Seigneur, & vous beaulx amis, ie boy à vous tous de bien bon cœur. Vous soyez les tresbien venuz. Beu qu’il eut & rendu le hanat à la bachelette gentile, feist une lourde exclamation, disant. O dives Decretales, tant par vous est le vin bon bon trouvé.

Ce n’est, dist Panurge, pas le pis du panier.

Mieulx seroit, dist Pantagruel, si par elles le mauvais vin devenoit bon.

O Seraphicque Sixiesme (dist Homenaz continuant) tant vous estez necessaire au saulvement des pauvres humains. O Cherubicques Clementines comment en vous est proprement contenue & descripte la perfaicte institution du vray