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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/458

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Continuation des miracles aduenuz par les Decretales.

Chapitre LII.


Voicy (diſt Panurge) qui dict d’orgues. Mais i’en croy le moins que ie peuz. Car il me aduint vn iour à Poictiers ches l’Ecoſſoys docteur Decretalipotens[1] d’en lire vn chapitre, le Diable m’emport, ſi à la lecture d’icelluy ie feuz tant conſtipé du ventre, que par plus de quatre, voyre cinq iours ie ne fiantay qu’vne petite crotte. Sçauez vous quelle ? Telle, ie vous iure, que Catulle[2] dict eſtre celles de Furius ſon voiſin.

En tout vn an tu ne chie dix crottes
Et ſi des mains tu les briſes & frottes,
Ia n’en pourras ton doigt fouiller de erres.
Car dures ſont plus que febues & pierres.

Ha, ha (diſt Homenaz) Inian mon amy vous, par aduenture, eſtiez en eſtat de peché mortel. Ceſtuy là (diſt Panurge) eſt d’vn aultre tonneau.

Un iour (diſt frere Ian) ie m’eſtoys à Seuillé torché le cul d’vn feuiellet d’vnes meſchantes Clemen-

  1. L’Ecoſſoys docteur Decretalipotens. « Ce doit être, dit Burgaud des Marets, Robert Irland, d’une des plus anciennes maisons d’Écosse, qui s’établit en France vers 1492, obtint en 1502 une chaire de droit à l’université de Poitiers, et mourut le 15 février 1561, après avoir professé avec beaucoup d’éclat pendant soixante ans, et compté parmi ses élèves Éghinaire, Baron, Roaldès, Hurault de Cheverny, Achille de Harlay, etc. »
  2. Catulle. Poèmes, XXIII, Ad Furium.

    Nec toto decies cacas in anno,
    Atque id durius est faba et lapillis :
    Quod tu si manibus teras fricesque,
    Non unquam digitum inquinare possis.