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EPISTRE DV LYMOSIN

DE PANTAGRVEL[1]

grand excoriatevr de la lingve latiale
Enuoyée à vn ſien amiciſſime, reſident en l’inclite
& famoſiſſime vrbe de Lugdune.

Aucuns venans de tes lares patries,
Noz aures ont de tes noues remplies :
En recitant les placites extremes
Dont à preſent fruis, & piſque à meſme
Stant à Lugdune és gazes palladines :
Où en conuis Nymphes plus que diuines
A ton optat s’offerent, & oſtendent.
Les vnes, pour tes diuices, pretendent
T’accipier pour coniuge : Autres ſont
Lucrées par toy, auſſi toſt qu’elles ont
Guſté tes dicts d’excelſe amenité :
Tant bien fulcis, qu’vne virginité
Rendroyent infirme, & preſte à corruer,
Lorſque tu veux tes grands ictes ruer.
Par ainſi donc, ſi ton eſprit cupie
A tous momens de dapes : il cambie.
Puis ſi de l’vrbe il ſe ſent ſaturé,
Ou du coït demy deſnaturé,

  1. Epistre dv lymosin de Pantagrvel. Il paraît à peu près certain que cette facétie, composée d’après le chapitre VI de Pantagruel, n’est point de Rabelais, aux œuvres de qui elle n’a été jointe qu’en 1558, Nous l’avons néanmoins laissé subsister parce qu’elle se trouve, à partir de cette époque, dans toutes les éditions et qu’elle est curieuse pour l’histoire de la langue du XVIe siècle.