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lettres et docvments.

autres ſalles, chambres, galeries d’iceluy palais eſtoient toutes pleines de tables ſeruies de meſmes pain, vin & viandes. Les nappes leuees pour lauer les mains furent preſentees deux fontaines artificielles ſus la table toutes inſtrophiees de fleurs odorantes auecques compartimens à l’antique. Le deſſus desquelles ardoit de feu plaiſant & redolent compoſé d’eaue ardance musquee : au deſſouz par diuers canaux ſortoit eaue d’Ange, eaue de Naphe, & eaue Roſe. Les graces dites en muſique honnorable, fut par Labbat prononcee auecques ſa grande Lyre, l’Ode que trouuerez icy à la fin, compoſee par mondit Seigneur Reuerendiſſime.

Puis les tables leuees entrèrent tous les Seigneurs en la ſalle maiour, bien tapiſſee & atournee. Là cuydoit on que fuſt : iouee vne Comedie, mais elle ne le fut, par ce qu’il eſtoit ia plus de minuict : & au banquet que mon Seigneur Reuerendiſſime Cardinal d’Armignac auoit fait au parauant en auoit eſté iouee vne, laquelle plus facha que ne pleut aux aſſiſtans, tant à cauſe de ſa longueur & mines Bergamasques aſſés fades, que pour l’inuention bien froide, & argument triuial. En lieu de Comedie au ſon des cornetz, hautzbois, ſacqueboutes, &c. entra vne compagnie de Matachins nouucaux, lesquelz grandement delecterent toute l’aſſiſtance. Apres lesquelz furent introduites pluſieurs bandes de masques, tant gentilzhommes que Dames d’honneur à riches deuiſes & habillemens ſumptueux. Là commença le bal, & dura iusques au iour. Lequel pendant meſdits Seigneurs Reuerendiſſimes, Ambaſſadeurs, & autres Prelatz ſoy retirerent en grande iubilation & contentement.

En ces tournoy & feſtin ie notay deux choſes