Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/100

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avait juré que le petit Jules de M… n’avait pas encore sacrifié à la terrible Vénus, et… mais, il nous faudrait des éventails… le comte en conviendra.

Elle riait, en montrant des dents d’Anglaise. Soirès plongé de plus en plus dans une respectueuse admiration, se demandait, lui, comment une demoiselle peut demeurer intacte et parler si carrément de choses drôles.

Maxime se tourna vers Berthe.

— Avez-vous lu, Madame, interrogea-t-il, toujours grave, le dernier roman des Goncourt ?

Berthe avoua que tous les romans du jour étaient sur un guéridon, par là, mais qu’elle ne les lisait point.

— Je n’ai pas le temps. Son air étonné ajoutait :

« Entendez-vous ce qu’on vient de nous apprendre ? et est-ce donc la peine de lire quand nous nageons en pleines anecdotes littéraires ? »

Le vieux gérant de société assurait son lorgnon d’un ton goguenard, songeant de son côté :

« Qu’est-ce qu’il veut lire, celui-ci !… Il nous la baille belle !… Et l’histoire de la duchesse d’O… qu’il va me faire perdre !… »

— Ensuite, Jean prétend que je suis trop petite pour savoir lire ! reprit Berthe d’une voix douce.

— Il se peut, dit froidement le jeune homme.

Les coquetteries littéraires ou enfantines ne l’émouvaient guère.

Olga Freind, sans perdre un coup de fourchette, expliqua qu’un vrai Parisien doit être au courant de la vie des auteurs et qu’il préfère connaître la