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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/107

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— Je m’arrangerai, fit-il vivement, de façon à ce qu’il n’y ait jamais place pour un revenant entre ma femme et moi !…

Berthe se leva rose comme une rose. Il lui sembla que la jeune fille de la miniature, au jupon de basin semé de fleurettes devait la trouver bien odieuse. Et son mari aurait pu remettre son intervention à un autre moment !

— C’est heureux pour madame Soirès !… répondit Maxime se levant à son tour.

— Nous montons à cheval ? demanda Berthe, voulant secouer au grand air l’étrange émotion que la voix de ce jeune homme sérieux lui faisait éprouver.

— Oui, allons, et remuons-nous, morbleu !… décida Soirès impatienté. J’irai à la Bourse vers deux heures ; je dois assister, par-dessus le marché, un confrère à une faillite… Ce qui me promet des stations interminables sur une foule de fauteuils de cuir. Le froid est piquant, le soleil brille… Au galop !… Çà, mon ami, ne lui racontez pas que vous croyez aux revenants… ce n’est pas de circonstance.

Berthe se tenait debout en face des deux hommes. Le comte se gantait. Jean contemplait affectueusement sa femme.

Saisie de ces attendrissements qui viennent souvent aux enfants très gâtés, elle leur tendit les mains à tous les deux, disant d’un ton câlin :

— J’ai oublié… je vous assure !… mais… je veux